Exercice d’écriture de dialogues
Margaret Atwood aime raconter des souvenirs et des histoires dans les histoires. Dans MaddAddam, le tome 3 de sa trilogie post apocalyptique, nous découvrons comment la véritable histoire de Zeb devient un mythe pour la nouvelle humanité grâce au procédé des dialogues en espaces négatifs.
Écrire un dialogue en espace négatif
Un exercice d’écriture amusant
Deux personnages parlent. Mais vous n’écrivez que les répliques de l’un des deux. Le but est que lecteur puisse en déduire ce que dit l’autre personnage. Le dialogue en espace négatif est un exercice d’écriture de dialogue très amusant à réaliser et surtout à lire.
Pour vous inspirer, vous pouvez lire le texte de la photo de l’article. C'est la première page de la première histoire que Toby raconte aux Crakers. A l'inverse, vous pouvez aussi vous amuser à inventer les questions qu'ils lui posent.
Comme vous pouvez le constater, Margaret Atwood n’écrit que les répliques de Toby. On devine que les Crackers parlent ou posent des questions grâce aux réponses de Toby. C’est comme un dialogue en espace négatif.
Le dessin en espaces négatifs appliqué aux dialogues
En dessin, lorsqu’on dessine par exemple une chaise en espace négatif on ne voit que son contour, sa silhouette. Notre cerveau devine que c’est une chaise. C’est ce qui arrive ici. Un peu comme lorsque vous entendez quelqu’un parler au téléphone. Vous pouvez déduire ce que dit la personne à l’autre bout du fil ainsi que son humeur.
Penser à la personnalité des personnages
La personnalité de vos personnages
Il est donc important de bien réfléchir à la personnalité de vos deux personnages. Dans l’idéal, elles devraient être contrastées. De cette manière, le lecteur pourra deviner ce que dit le personnage dont vous n’écrivez pas les répliques mais aussi son humeur. Par exemple, l’un peut être calme et l’autre agité, ils peuvent avoir des tics de langage ou de comportement, etc.
La personnalité des Crakers
On devine ce que font et disent les Crakers pendant que Toby raconte l’histoire. Mais ce n’est pas écrit. On ne le lit pas. Ça donne un résultat très amusant surtout connaissant leur personnalité.
Les Crakers sont comme des enfants. Il y a un tas de choses qu’ils ne connaissent pas et ne comprennent pas. Ils sont innocents, mais pas bêtes, et interrompent souvent le récit de Toby pour lui poser un tas de questions ou pour chanter. Parfois elle leur répond et souvent elle leur demande de ne pas chanter. Toby est très patiente et pédagogue, les Crakers sont très curieux et spontanés.
Dialogues narratifs
Les passages où Toby raconte des histoires aux Crakers ressemblent donc à de la narration mais sont en fait des dialogues. On pourrait aussi dire que ce sont des dialogues déguisés en récit narratif.
Votre dialogue n’aura dont ni tirets ni guillemets. Cependant, il peut avoir des paragraphes d’une seule ligne. Chaque paragraphe correspond à une interruption, à une réponse.
MaddAddam : la naissance des mythes
Une pause pour souffler
Au niveau global du roman, les passages des dialogues en espaces négatifs permettent au lecteur de souffler. Ils dédramatisent la situation catastrophique où se trouvent les personnages. Personnellement, j’attendais toujours avec impatience les histoires de Toby. Ces histoires sont aussi le point de départ des mythes d’une nouvelle humanité.
L’émergence des mythes
Tous les soirs, Zeb raconte à Toby l’histoire de sa vie et de ses missions secrètes passées. Puis Toby la raconte de manière simplifiée aux Crakers. On a donc une histoire racontée de deux manières différentes. L’une réelle et concrète. L’autre simple et embellie.
Ainsi, on assiste à l’émergence des mythes de cette nouvelle race d’humains : les Crakers. Des mythes basés sur une réalité qui se déformera sûrement au fur et à mesure des générations. À la fin du livre, on espère surtout que ces futures générations de Crakers ne transformeront pas ces mythes en Bible. C'est à dire en outils de domination.
Résumé rapide de la trilogie MaddAddam
Le premier volume, Le Dernier Homme, nous raconte principalement les aventures de Crake et de Jimmy dans un futur où les corporations contrôlent tout. On y apprend aussi que l’humanité a été rayée de la carte par une épidémie mortelle.
Le deuxième, Le Temps du Déluge, nous raconte l’histoire de Toby et des Jardiniers de Dieu avant et après l’épidémie. Les seuls survivants sont quelques humains, toutes sortes d’animaux transgéniques et enfin les Crakers, des humains crées de toutes pièces par Crake et éduqués par Oryx dans le premier tome.
Enfin, le troisième tome, MaddAddam, nous raconte les aventures de Zeb avant l’épidémie ainsi que celles des Jardiniers de Dieu après la catastrophe. Dans ce tome, les humains, les Crakers et les Cochons intelligents apprennent à cohabiter.
Un gros livre qui se lit vite
Pour conclure, j’ai terminé le tome 3 de la trilogie MaddAddam de Margaret Atwood en deux jours. Il fait 420 pages. C’est dire si j’ai aimé. Le premier tome était super. Le tome 2 pas mal mais trop structuré. J’avais même sauté des passages un peu longuets. J’étais bien contente que l’autrice soit revenue à un style plus spontané pour ce troisième tome.
MaddAddam de Margaret Atwood est paru aux éditions Robert Laffont. Il est également disponible en format poche aux éditions 10/18.

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