Entretien avec le Diable d’Olivier Barde-Cabuçon

Pendant le reconfinement, j’ai trouvé sur la table de présentation de la bibliothèque le roman Entretien avec le diable d’Olivier Barde-Cabuçon. Je me suis dit : voilà l’occasion de connaître un nouvel auteur. Eh bien, je n’en lirai pas d’autre.

Male gaze déguisé en féminisme

L’auteur s’adresse apparemment à un lectorat masculin auprès duquel il essaye de faire passer un message féministe tout en restant masculin. Ses deux personnages principaux par moments dénoncent les injustices faites aux femmes. Mais leur discours se noie dans un bain de commentaires permanents sur le corps de tous les personnages féminins. On ne retient donc absolument rien du supposé message féministe. 

Résumé : un Nom de la Rose série B 

XVIIIème siècle, un moine hérétique et son fils se retrouvent dans un petit village perdu au milieu de nulle part. La première nuit, ils logent à l’abbaye qui domine le village. Il s’y passe des choses étranges. Elle semble hantée.  Au village, la fille de 16 ans du riche notable local est possédée par le diable. Plusieurs morts étranges ont lieu. Le moine et son fils décident d’enquêter. 

Beauté exacerbée, viols et agressions sexuelles

Le physique des femmes est décrit et commenté en permanence tout le long du livre à toutes les pages. C’est un harcèlement continuel par le regard. Nous avons également une scène de viol très érotique et visuelle du médecin du village sur la jeune fille possédée attachée à son lit. 

Il n’y a que deux personnages féminins dont le narrateur décrit la personnalité et qui ont un rôle actif dans l’histoire. Violetta, la fille adoptive auto-déclarée et pas très futée du moine et la sœur de la jeune fille possédée. 

16 et 15 ans respectivement. Elles sont parfois considérées des enfants innocentes et parfois comme des femmes extrêmement désirables. Il faudrait savoir… 

Les travailleuses sont laides, les bourgeoises sont belles

Les pauvres villageoises qui travaillent comme des esclaves sont tout simplement laides. Les belles femmes sont jeunes et bourgeoises ou cultivées. 

La seule fille du peuple attirante est la serveuse de l’auberge. On le comprend car les clients ne cessent de vouloir l’agresser sexuellement. Il faut dire qu'elle est jeune, bien sûr, et promise à un jeune homme du village. On imagine donc son destin de mère de famille nombreuse et de travailleuse. Son corps ne restera pas beau bien longtemps.

La lesbienne a presque trouvé le bon

Il n’y a qu’un seul personnage masculin qui se définit par sa sexualité irrésistible, le bûcheron. Bien sûr très viril, poilu, tenace et dominateur. Il désire Violetta. Celle-ci lui résiste mollement puis s’abandonne. Attention, cliché néfaste !

Elle qui n’aimait que les filles s’étonne de son attirance pour un homme. Forcément, il est si viril, son corps transpire la sexualité à laquelle même la lesbienne de l’histoire ne peut résister… Encore un cliché : « faut que tu trouves le bon ».

Si en fin de compte elle n’était pas lesbienne, il aurait fallu appeler les choses par leur nom et dire qu’elle est bi. Finalement, l’honneur est sauf : elle ne couche pas avec lui. Il lui fait ensuite du chantage pour pouvoir arriver à ses fins. Mais n’y arrivera pas. Ouf !

Des personnages masculins actifs et dangereux

Le moine hérétique est sage et intelligent. Son fils est également très intelligent et possède de beaux yeux séducteurs. On les suppose tous les deux grands et forts. Le physique du reste des personnages masculins est décrit brièvement et on ne revient pas dessus. Ce qui compte, c’est leur personnalité et leur rôle dans l’histoire.

L’expression qui revient souvent est « les hommes sont des loups ». Attention, les filles, les hommes sont tous des prédateurs potentiels. Songez à ne pas prendre de risques. Sinon, il vous en coûtera.

Contradictions d’un machisme naturalisé

Le résultat de ce mélange de male gaze saupoudré de féminisme donne quelque chose de complètement schizophrène. C’est comme si un homme disait à ses amis machistes de respecter les filles tout en se comportant exactement comme eux mais pensant être un type bien. 

Attention donc aux hommes se disant féministes…

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